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Ce blog s'intéresse au discours et à la silenciation, l'exclusion d'objets langagiers du champ des possibles langagierss

Débâcle des islamistes et diplomatie arabe en Afrique

Publié le 8 Mars 2013 par Mamadou Diakité

Surprenant. En moins d'une semaine, la diplomatie arabe, qui a soutenu - implicitement ou explicitement - l'invasion islamiste et ses actes barbares au nord Mali, fait un coup double pour s'allier à l'Afrique noire contre (?)... les islamistes. C'est d'abord Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc - tout seigneur, tout honneur - qui, le 27/02/2013, envoie un message dans ce sens au 42e sommet de la Cédéao (Yamoussokoro, Côte d'Ivoire). Il est suivi, le 4 mars, par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz (lemonde.fr). Que disent ses deux éclaireurs de la diplomatie arabe?

Globalement, il faut noter le ton inhabituellement dur de ces deux pays arabes (ou se voulant tels) contre les islamistes dans cette crise malienne qui, finalement, est devenue la ligne de fracture entre, d'une part l'Afrique noire soutenue par la communauté internationale, d'autre part le monde arabe. C'est le debut d'une nouvelle ère dans les relations Noirs/Arabes. Il ne sera ici question que de l'action diplomatique marocaine, celle de la Mauritanie n'en étant qu'une pâle copie.

Quelques mots du message royal : "groupes armés obscurantistes, asservir, intérêts criminels, 'lois et règles' barbares, trafics transnationaux d'armes, de drogues, flux financiers illicites, zone de non-droit, véritable sanctuaire de multiples groupes terroristes".

Cet excès de violence verbale, peu diplomatique, manque de naturel tout comme le rappel d'une prétendue fraternité qui a fait défaut au moment où on en avait le plus besoin: "Mali frère" est repété 5 fois, mais en rappelant quand même "Mes Glorieux Ancêtres", si différents des ancêtres roturiers de mes frères, qui n'en sont pas moins mes frères. Normal donc que le Maroc apparaisse dans le message royal comme le père nourricier du Mali et de la Cédéao, dont les difficultés (argent sécurité...), à en croire le message, sont énormes et insurmontables sans le concours du prospérissime royaume, 130e IDH sur 187 pays, derrière le Botswana 118e, Namibie 120e, l'Afrique du Sud 123e ; juste avant le Cap vert et le Ghana 133e et 135.

Si on sait que l'IDH est une mesure du niveau moyen du développement humain (santé et longévité, accès à l’éducation et niveau de vie décent), on comprend l'étendue de la pauvreté au Maroc. Malgré tout, ce pays fait dans le paternalisme le plus plat, en parlant de la Cédéao et de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine).

"La CEDEAO, dit le Maroc, ne pourra objectivement accomplir la transformation de la MISMA en opération de maintien de la paix des Nations Unies sans un soutien politique, financier et logistique conséquent et approprié. A ce titre, le Royaume du Maroc continuera à assumer pleinement ses responsabilités tant à l'échelle bilatérale comme voisin solidaire, qu'à l'échelle internationale, comme partenaire pour la paix et la sécurité dans la région".

On est littéralement dans le délire. Tout le monde sait en effet que 1) l'ONU finance entièrement ses missions, 2) la mission MISMA est de détruire par les armes la horde islamiste au nord Mali, 3) c'est après seulement qu'elle sera transformée en mission de l'ONU pour le maintien de la paix.

Quelle aide peut donc apporter le Maroc, puisqu'elle exclut un soutient à la MISMA?

Il faut que les choses soient claires: l'Afrique noire est engagée dans la lutte contre le projet islamiste d'esclavagiser le le pays des Noirs, puis de s'en servir comme base pour attaquer le reste du monde, comme je l'ai dit, ici, bien avant la découverte de la feuille de route d'AQMI. Dans cette lutte, les Arabes soutiennent le terrorisme islamiste, au moins par leur silence complice, quand il defallait parler. Maintenant, c'est trop tard, on n'a plus besoin de ces pays et, surtout, il ne faut pas les aider à sortir de leur isolement.

L'Afrique noire et la communauté internationale doivent se résoudre à accepter l'évidence: lutter contre la violence islamiste, c'est aussi et surtout lutter contre la politique expansionniste et raciste des pays arabes. Telle est notre lecture de leur lutte multiforme contre la MISMA et avant elle, contre l'intervention française. Leur ligne n'a pas changé, ne changera pas dans un avenir prévisible. Le message marocain le prouve. La Mauritanie l'a repris. D'autres suivront, peut-être sous d'autres formes, notamment la manipulation de la future mission de l'ONU au Mali. La Cédéao doit être plus que jamais vigilente.

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